[Couture] Conseils pour coudre du velours

Tout d’abord, je vous souhaite une belle et heureuse année 2023. Qu’elle soit pour vous remplie de joie et de belles découvertes ! Je commence cette année par une nouvelle aventure : coudre du velours. J’ai choisi donc de réaliser, dans ce tissu que je n’avais encore jamais travaillé, le short Châtaigne de la marque Deer & Doe, une marque de patrons que j’affectionne particulièrement. Ce n’est pas le premier vêtement que je réalise à partir d’un de leurs patrons. Vous pourrez aller voir mon billet sur le T-shirt Plantain, disponible gratuitement sur le site.

Les caractéristiques du velours

Le velours est un tissu qui a pour principale caractéristique d’avoir un envers et un endroit bien distinct : l’endroit est duveteux, c’est-à-dire à poils, et l’envers est lisse. C’est un tissu à la fois très classique – son origine remonte à quelques siècles – mais il est aussi très actuel, revenu sur le devant de la scène, il y a déjà quelques années. Il donne du style et du caractère à n’importe quel vêtement. Sa texture douce et duveteuse le rend agréable à porter. Il est donc idéal pour réaliser des vêtements pour l’automne et l’hiver. Solide, il résiste bien au temps, s’il est correctement entretenu.

Pour la petite histoire, le mot « velours » aurait pour étymologie le mot villosus du latin impérial signifiant « velu » ou villus, « touffe de poils ». D’autres pensent qu’il provient du terme wel (arracher la toison à la main), qui aurait donné le mot anglais wool. L’étoffe serait d’origine indienne. Ce tissu de prestige était devenu l’emblème des gens de conditions élevées : rois, papes et doges mais aussi, personnages surnaturels chantés par de nombreux poètes. Ce procédé de tissage très ancien viendrait d’Orient aux XVe et XVIe siècle, sans doute de Turquie et de Chypre. Il fut ensuite brillamment imité en Italie, dans certaines villes comme Gênes, Milan et Reggio. Ces tissus italiens servirent ensuite de modèles à Lyon et en Avignon.

Le velours n’est donc pas une matière mais un type de tissage, plus précisément une armure. L’armure est le terme technique employé pour « manière de tisser ». On trouvera donc des différents types de velours : ras, milleraies, panne de velours, velours dévoré, côtelé, matelassé, etc. Il se compose d’un ou plusieurs fils supplémentaires appelés « fils poils ». Ces fils vont venir s’enchâsser dans la trame et former des bouclettes en surface du tissu (d’un seul côté). Ces bouclettes pourront ne pas être coupées (comme pour le tissus éponge), ou coupées (comme dans le cas du velours ras).

Le velours recouvre donc plusieurs caractéristiques selon :

  • Sa composition (coton, viscose, soie, jersey, lin, laine) ;
  • Son tombé (rigide, souple, notamment s’il comprend de élasthanne) ;
  • Sa texture : lisse, côtelé, matelassé, ras, orné, ciselé.

Évidemment, le prix du velours varie selon sa composition. Le velours de soie sera bien sûr plus onéreux qu’un velours de coton, lui-même plus coûteux qu’un velours de polyester.

Pour quels vêtements ?

Vous pouvez coudre à peu près tous les types de vêtements en velours. Toutefois, cela dépend du velours que vous choisissez, de la forme du vêtement et de ses détails. Il vaut mieux en général coudre en velours un vêtement « simple », c’est-à-dire avec peu de coutures, de pinces, de détails (fermetures éclair, boutonnières, poches en tout genre).

  • C’est la matière idéale pour réaliser des bas : pantalons, jupes ou shorts ;
  • Idem pour les combinaisons et salopettes, le velours en fera des pièces de caractère, notamment le velours côtelé ;
  • Pour les hauts, le velours fera une belle chemise, classique ou boyfriend ou bien une sur-chemise.
  • Pour les robes, optez, par exemple, pour une robe chasuble ;
  • Le velours est une matière qui convient pour les vestes puisque la densité et le tombé du tissu correspondent à ce type de vêtement ;
  • Vous pouvez aussi réaliser les détails de vêtement en velours : col, poches, bandes, etc.

D’une manière générale, choisissez un patron où le velours est recommandé. Le choix du velours dépendra aussi du vêtement que vous voulez fabriquer.

Certains velours sont plus ou moins recommandés pour certains types de vêtements.

Le velours côtelé : Il s’agit d’un velours composé de rainures plus ou moins larges. Ce velours très classique apporte tout de suite du caractère et un côté vintage à une pièce.

  • Le plus connu, le velours milleraies est un velours côtelé avec de fines rainures. Il est ainsi idéal pour la couture de nombreuses pièces du dressing féminin ou masculin ;
  • Le velours côtelé épais est également très sympa et permet d’apporter une touche un peu plus masculine à une pièce, comme une robe chasuble, une sur-chemise, une veste.

Le velours ras ou lisse : Il s’agit d’un velours sans rainures, il est donc lisse.

  • Il peut être en coton et légèrement rigide. Il sera alors parfaitement adapté pour la réalisation de vestes ou de pantalons mais aussi de jupes droites ;
  • Il peut également avoir une texture soie, viscose ou jersey et permettra alors des réalisations très féminines, tels tops, robes, ou jupes. Cette version a un très joli tombé fluide et apporte de nombreux reflets et de la luminosité à une pièce.

Le velours matelassé : Il s’agit d’un velours lisse auquel on apporte un matelassage qui donne du relief et de la fantaisie au tissu. Il existe désormais différents velours matelassés. Ils conviendront en particuliers pour des vestes.

Le velours texturé : Il s’agit d’un velours lisse et souple auquel il est apporté un effet comme le plissé ou un effet de relief graphique. Ce type de tissus s’est récemment développé dans les merceries et c’est plutôt une bonne nouvelle pour les tops, robes ou jupes longues par exemple.

Préparer le tissu : le premier lavage

La velours est un tissu précieux. Il demande donc du soin. Il faut prendre un certain nombre de précautions et cela commence dès le premier lavage.

Tout d’abord, comme pour tous les tissus que vous achetez, je vous conseille de vous renseigner, au moment de votre achat en mercerie, sur la composition du tissu et sur son mode d’entretien.

Il faut, au maximum, éviter l’essorage ou du moins un essorage trop violent. Le velours que j’ai travaillé était en coton. Je l’ai donc lavé au cycle qui convient au tissu délicat. Après un premier essorage à 400 tours, je me suis rendue compte que cela n’était pas suffisant et j’ai donc refait un essorage à 800 tours. Si vous n’êtes pas sûr.e de vous, vous pouvez toujours laver un échantillon, avant de laver tout votre tissu.

Pour le séchage, j’ai lu dans plusieurs sources qu’il fallait, comme la soie ou la laine, le sécher à plat. Pour ma part, j’ai opté pour une autre manière. Je l’ai séché pendu à un cintre, tenu par plusieurs épingles. J’ai suivi la recommandation de la vendeuse. D’ailleurs, dans le magasin, ce tissu était non plié ou enroulé mais pendu et tenu par des crochets plantés dans la lisière. En effet, il ne faut surtout pas plier le velours au risque d’y faire des marques. L’ennemi du velours est incontestablement le pli.

Une fois sec, je vous recommande de repasser tout de suite votre velours. Pour cela, il faut évidemment le repasser sur l’envers mais il faut impérativement utiliser une serviette éponge. Ainsi, les poils du velours se logeront dans ceux du tissu éponge et ne seront donc pas écrasés. Le choix de la chaleur du fer dépend évidemment de la composition du tissu. De toute façon, il faut faire en sorte que le fer à repasser glisse sur l’envers du tissu, là encore pour ne pas écraser le velours. Pour repasser une couture, pressez doucement avec la pointe du fer pour ne toucher que la couture.

Couper le velours

Pour couper du velours, il vous faudra vous munir d’une paire de ciseaux solide et bien aiguisée ! Vous pouvez marquer le tissu à la craie mais elle peut laisser des marques sur l’endroit (comme j’ai pu le voir moi-même). Le mieux est le fil de bâti ! Vous pouvez évidemment épingler le tissu, mais dans les marges de couture. Mon patron comprenait déjà des marges de couture de 1,5 cm, ce qui était vraiment bien. Je vous conseille que faire des marges de cette largeur et vous comprendrez en lisant la suite de ce billet. Le seul objet à proscrire est le poids, puisqu’il écrasera les poils et laissera une marque.

Vous devrez ensuite poser les pièces de patron dans le « bon sens ». En effet, une autre des principales caractéristiques du velours, dont je n’ai pas encore parlé, est son sens. La partie duveteuse possède un sens, dû aux poils. Selon le sens choisi pour le coudre, le velours sera plus ou moins brillant. S’il est doux lorsque la main passe du haut vers le bas, c’est que le poil est « descendant » : c’est celui qui donnera le reflet et la teinte la plus claire au velours. S’il est plus rugueux lorsque la main passe du bas vers le haut, c’est que le poil est « montant » : c’est le sens qui donnera le reflet le plus profond et la teinte un peu plus foncée. Soyez donc attentif(ve) à faire coïncider le sens des pièces avec le sens du tissu. Toutes les pièces doivent être placées dans le même sens. Il peut être « poil descendant » ou « poil montant ». Vous devez donc veiller à faire en sorte que les poils aillent dans le même sens pour toutes les pièces. Sinon, vous risquez d’avoir des pièces de colorations légèrement différentes car il y a un effet d’ombre. Toutefois, cela dépend de l’effet recherché. Vous pouvez, au contraire, couper certaines pièces dans un sens et d’autres dans l’autre sens. J’ai notamment failli le faire pour les poches arrières et les revers du short Châtaigne.

Pour couper, pliez en deux votre tissu, endroit contre endroit, afin que les poils se retrouvent à l’intérieur. Épinglez et coupez ensuite les pièces une à une pour éviter tout risque d’abîmer votre tissu. Prenez votre temps, le velours est un tissu qui demande du soin et de la patience !

Après avoir coupé mes pièces, pour stocker le morceau restant, je l’ai enroulé autour d’un papier à patron non plié.

Coudre le velours

Le premier conseil que je peux vous donner est évidemment de faire des essais sur des chutes de tissu. Ses essais vous permettront de bien choisir votre aiguille, votre fil, votre pied et de faire des réglages de votre machine adaptés à votre velours.

Il faut notamment régler la pression du pied presseur afin qu’elle soit moins élevée pour ne pas endommager le velours. Si votre velours est assez épais, n’hésitez pas à vraiment allonger le point, ce que j’ai fait.

Le choix de l’aiguille dépendra de l’épaisseur et la lourdeur de votre velours. Plus le velours sera épais, plus votre aiguille le sera aussi. Pour ma part, le velours que j’ai choisi étant assez épais, j’ai utilisé une aiguille de 90. Par contre, elle doit impérativement être neuve. Éviter d’utiliser une aiguille émoussée car cela pourra abîmer votre tissu.

Vous devez utiliser un fil adéquat. Dans la plupart des cas, un fil en polyester suffit. C’est également celui que j’ai utilisé.

Le choix du pied est lui, par contre, crucial ! Il vous faudra utiliser un pied à double entraînement ou un pied à roulette ou bien un pied en téflon (mon choix !). Si vous n’avez pas ce genre de pied, vous pouvez poser du masking tape sur votre pied. Étant donné que le vêtement que j’ai créé avait une fermeture éclair invisible, j’ai utilisé mon pied spécial fermeture invisible et j’y ai mis du masking tape, comme vous pourrez le voir sur la photo ci-dessous. Lorsque vous le posez ne, vous devez veiller à ce que l’aiguille le transperce pas. Il doit être posé uniquement sur les parties qui touche le tissu.

Pied à fermeture éclair invisible avec du masking tape

Le velours a tendance à glisser lors de la couture à la machine. Je vous invite donc à bâtir, si nécessaire. Sinon vous pouvez mettre des aiguilles, mais dans la marge de couture uniquement pour ne pas marquer le tissu, d’où la nécessité d’avoir des marges de couture un peu larges (1,5 cm), comme je l’ai écrit précédemment.

Pour les finitions, plusieurs options s’offrent à vous. De toute façon, vous ne pouvez pas laisser les bords sans finitions, au risque que le velours s’effiloche avec le lavage et l’usure et que rapidement, vous ne puissiez plus mettre votre vêtement, car il sera décousu, s’il n’y a plus de marges de couture… Là encore tout dépend du vêtement. Si c’est une veste, elle sera doublée. La meilleure option est de surfiler. Si vous n’avez pas de surjeteuse, vous pouvez utiliser la fonction surfilage de votre machine, le point zigzag ou un point de surfilage de votre machine (selon ses options). Si votre vêtement le permet, vous pouvez aussi ganser les coutures, c’est-à-dire poser un biais. Comptez à ce moment-là une marge de couture plus large que 1,5 cm. Pour ourler le tissu, le mieux est de réaliser un ourlet invisible, à la main. Pour fixer les revers du short Châtaigne, j’ai réalisé un point de chausson à la main.

Entretenir le velours

Pour entretenir sur la durée votre vêtement en velours, vous devez suivre les mêmes recommandations que pour le premier lavage, suivant notamment la composition du vêtement.

Certains préconisent le lavage au pressing mais pour ma part, je ne vais plus au pressing depuis des années ! Une fois terminé, lavez votre vêtement en le mettant sur l’envers et dans une poche de vêtement qui se ferme (comme par exemple une taie de coussin avec une fermeture éclair). Utilisez le cycle de lavage délicat et éviter le prélavage absolument !

Pour repasser votre vêtement, comme pendant la phase de couture, réglez votre fer selon la composition du tissu et retournez le vêtement. Déposez sur votre planche à repasser une serviette éponge épaisse et repassez en faisant glisser le fer sur le vêtement. Le pressage est évidemment à proscrire pour éviter d’écraser le poils. Vous pouvez évidemment utiliser de la vapeur (toujours selon les recommandations d’entretien) et même une pattemouille, si nécessaire entre le fer et le tissu. A la place d’une pattemouille ou d’une éponge, vous pouvez utiliser un autre morceau de velours.

Si vous devez coudre beaucoup de velours, vous pouvez investir dans une planche à aiguilles, qui est une planche recouverte d’une toile épaisse comportant de fines épines de fil de fer qui vont se loger entre les poils de l’endroit du tissu, les empêchant de se feutrer.

En résumé

En 15 ans de couture, je n’avais jamais cousu du velours. Je suis contente de m’être lancée en ce début d’année 2023 avec une petite pièce comme un short. Je me sens prête à coudre des pièces plus grandes et plus complexes. Le velours est une très belle matière, vraiment agréable à coudre quand on adopte les bons gestes et que l’on utilise les bons outils. Cette matière précieuse demande toute de même un peu de dextérité. Je suis en tout cas très heureuse du résultat et je ferai un billet ultérieurement sur le short Châtaigne.

Bibliographie et webographie

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