Le salon du Made in France s’est tenu le week-end dernier à Paris, Porte de Versailles. C’était la première fois que je m’y rendais et cela grâce à une invitation de La Gentle Factory et je les remercie pour l’invitation. Au-delà du Made in France, j’avais envie de rencontrer des marques inscrites dans une démarche éco-responsable.
Les dérives de la fast fashion sont maintenant dénoncées et cela depuis quelques années déjà : travail forcé, travail des enfants, risques sanitaires, pollution de l’environnement, risques mortels pour les employés qui travaillent dans des bâtiments près à s’effondrer.
Je vous conseille notamment de regarder le Cash Investigation sur cette matière que nous aimons tant : le coton, qui est en réalité une catastrophe écologique et humaine. Il faut notamment 2500 litres d’eau pour fabriquer un tee-shirt.
La médiatisation sur les coulisses de la fabrication des vêtements que nous portons a d’ailleurs commencé par un drame : l’effondrement du Rana Plaza en 2013 au Bangladesh, faisant 1100 morts.
A la suite de cela, de nombreuses personnes travaillant dans cette industrie ont choisi une autre voie : fabriquer des vêtements éthiques à la fois sur le plan humain et sur le plan environnemental.
Une définition s’impose avant de vous parler de mes trouvailles. Qu’est-ce qu’une marque éco-responsable ? SloWeAre en apporte une définition assez complète et je relève ici quelques points qui me paraissent essentiels après avoir échangé avec les gens que j’ai rencontrés sur le Salon du MIF :
- Transparence sur la façon dont le vêtement est fabriqué
- Acheter local pour réduire l’impact écologique des transports
- Recyclage : les vêtements sont fabriqués en fibres recyclés pour éviter le gaspillage en produisant de nouvelles matières premières
- Coton mais pas que ! Ces marques utilisent d’autres matières que le coton, comme le lin ou le lyocell
DAO, coupé sur mesure
La marque DAO, c’est avant tout une histoire de denim. Sur le stand du Salon, DAO a recréé l’ambiance unique de sa boutique-atelier où les clients peuvent se faire faire un jean, coupé sur mesure. Le jean, c’est le produit phare de la marque ! Il est en lin, une plante moins gourmande en eau que le coton et dont la France est le premier producteur mondial. La marque a été déposée en 2006 et la boutique-atelier existe depuis 2014. Il faudra aller à Nancy pour y aller mais il existe des points de vente dans de nombreuses villes de France, en plus de la boutique en ligne.
La marque propose aussi des tee-shirts en fibres recyclées (tee-shirts blancs et gris) et des vêtements sur-recyclés. En fait, DAO récupère des chutes et des rouleaux de tissus d’autres marques. Ils réalisent ainsi des vêtements en édition limitée. Je trouve cette démarche très intéressante car elle rend les vêtements plus uniques, à l’heure où nous sommes tellement habitués à l’uniformité.

Hopaal, aucun compromis
Hopaal existe depuis deux ans et s’est lancée grâce à une campagne de financement sur Ulule. La marque propose des vêtements pour hommes et femmes, plutôt streetwear. L’un des produits que j’ai le plus aimé est la veste bleu marine, inspirée à la fois du bleu de travail et des vêtements de marins. Les vêtements sont entièrement fabriqués à partir de matières recyclées comme le coton biologique, le polyester le chanvre, le plastique ou encore d’anciens vêtements.
Si vous vous demandez comme moi d’où vient le nom, sachez qu’il n’a pas de signification particulière car les créateurs ne voulaient pas s’enfermer dans un « concept » qui aurait pu s’user, mais le nom a une consonance nordique qui a plu.
Pour le moment, la marque est uniquement distribuée en ligne. Prochaine étape ? Augmenter la production et ouvrir un pop up store à Biarritz. Pourquoi Biarritz ? Parce que c’est là que la marque est basée. Ça fait rêver non ?

Aatise, des vêtements comme des bijoux
La fondatrice de la marque Aatise est Heide Baumann qui a une formation d’ingénieur textile et qui a travaillé pendant trente ans dans l’univers de la mode, à différents postes, ce qui lui a permis de connaître sur le bout des doigts toutes les étapes de création d’un vêtement. Elle a connu le départ de France de la filière textile, les dérives que nous connaissons actuellement et la perte de sens de son métier. Elle a donc quitté la filière « traditionnelle » pour créer Aatise qui correspond aux valeurs qu’elle défend. Elle a été rejointe, dans cette aventure, par Julia Schena.
La marque propose des tee-shirts pour homme et différents types de vêtements pour femme. Le but d’Aatise est là encore de limiter l’utilisation du coton. C’est pour cela que les vêtements sont en lin (comme les tee-shirts) ou en fibres recyclées, coton ou lyocell, comme les pantalons. Ces deux produits sont même compostables mais à mettre dans un composteur industriel évidemment, et non dans votre lombricompost ! La marque propose des produits en précommande. Certains vêtements seront forcément en série limitée car le stock des tissus est lui-même limité. Cela permet de considérer son vêtement comme un « bijou » et non comme un produit jetable dont on se débarrassera à la prochaine saison.
A partir d’aujourd’hui, la marque est distribué à L’Appartement français.

La Gentle Factory, travail en circuit court
La marque La Gentle Factory existe depuis 2014 et est née d’un grand groupe dont elle prend aujourd’hui son indépendance. Elle travaille avec soixante partenaires sur le territoire français (tisseurs, tricoteurs, boutonniers, etc.), donc en circuit court. Les produits sont créés à partir de matières biologiques ou de matières recyclées et les teintures sont même certifiées Œko-Tex.

Caruus, sneakers éco-conçues
Deux ans de travail de recherches ont été nécessaires pour concevoir les sneakers de la marque Caruus. Il a, en effet, fallu connaître l’impact environnemental de la fabrication d’un tel produit pour savoir comment le fabriquer de manière éco-responsable. Ces recherches ont notamment démontré que c’est la logistique qui avait le plus gros impact environnemental, d’où la volonté de la marque de ne pas vendre plus loin que l’Europe.
Tous les composants de ces sneakers sont des matières recyclées, à l’exception de la semelle qui est à 30% en matière recyclée. Le principe : une fois, vos chaussures fabriquées, vous pourrez les renvoyer. Elles seront alors désossées et les composants seront à nouveau recyclés. C’est ce qui s’appelle un cercle vertueux.
La marque lancera ce mois-ci sa première campagne de financement sur Ulule. Elle a fait appel à Made in local, une plateforme qui valorise les artisans locaux, pour concevoir un packaging éco-conçu lui aussi.

J’espère vous avoir donné envie de découvrir ces marques et bien d’autres encore. Au-delà de la connaissance de leur existence, il y a les rencontres avec les gens qui les ont créées et qui les font croître. Échanger avec eux, connaître leur parcours, leurs aspirations et leurs valeurs a été très enrichissant pour moi. Leur existence nous montre, en tout cas, qu’un autre monde est possible. C’est maintenant à nous consommateurs de changer notre vision et notre rapport à nos vêtements, de dire non au monde que nous vendent toutes les grandes marques, que cela soit des marques de la fast fashion, des marques de luxe ou des marques de sportwear. C’est aussi à nous d’aider ces marques à se développer. Acheter, c’est s’engager !
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