[Couture] Épisode 4 de La Saga du Wax : La résistance s’organise

Ce 4e épisode de LSW est dédié aux tissus africains. Mais le wax n’est-il pas africain ? Comme nous l’avons vu précédemment, il est davantage, par ses origines, indonésien et européen, même si les industriels se sont inspirés des différentes cultures de ce continent. Face à son omniprésence voire sa dictature, une résistance est née ! Des créateurs africains ont fait découvrir au grand public les tissus africains (les vrais !) et les ont ainsi démocratisés. Partons à la découverte de ces tissus qui sont fabriqués pour certains d’entre eux depuis plus de deux siècles.

L’Afrique, productrice de tissus

Bien avant l’arrivée du wax, l’Afrique fut productrice de textiles. On a notamment retrouvé des traces de premières étoffes en écorce battue mais c’est au début du XIe siècle que le tissage a émergé. Des fragments d’étoffes du peuple tellem, peuple aujourd’hui disparu, furent retrouvés sur la falaise de Bendiagara au Mali. Cela montre que ce peuple maîtrisait le filage, le tissage et la teinture à l’indigo qui s’est, par la suite, diffusée dans l’Afrique de l’Ouest.

Dans l’inconscient collectif, le wax est le tissu africain par excellence. Il écrase tous les autres tissus par son omniprésence et aussi du fait qu’il a investi la mode et que les stars internationales comme Rihanna ou Beyoncé en portent. Nelly Wandji, créatrice de la plate-forme Moonlook, déplore ainsi cette omniprésence en mettant en avant la question écologique :

C’est dommage qu’un tissu d’importation fasse autant d’ombre à d’autres qui sont réellement africains. Avec le questionnement écologique du moment, autant valoriser des textiles alternatifs et ‎développer les nombreux procédés méconnus du continent comme le tissage du coton faso dan fani, plutôt que de mettre en avant un tissu soi-disant africain, vendu aux Africains, qui n’apporte aucune valeur à l’Afrique.

Le combat est-il perdu d’avance pour les tissus africains, pourtant si nombreux ? Pour Imane Ayissi, styliste d’origine camerounaise, l’hégémonie du wax est due au fait que les créateurs ne font pas leur travail :

Il y a le kente mais aussi le batik, le bogolan malien, l’ewe ou ashanti [Ghana], le kita en Côte d’Ivoire, le faso dan fani, le ndop bamiléké [Cameroun]… Tous ces tissus sont en voie de disparition car les créateurs ne font pas leur travail. On les connaît très peu car tout le monde utilise le wax. Je trouve cela scandaleux. Si on disait que la dentelle de Calais était d’origine camerounaise, je crois que ça énerverait un peu. C’est une question d’identité et de reconnaissance… Le wax n’a jamais été africain, c’est un tissu qui nous a été imposé pendant la colonisation.

Ce styliste  a toujours lutté contre le monopole du wax avec des collections audacieuses, sans jamais cesser d’alimenter l’identité hautement africaine de sa marque.

Voici un très bel exemple de créations inspirées du kente sur le compte Instagram du créateur :

Depuis déjà quelques décennies, en effet, des créateurs africains ont dénoncé l’hégémonie du wax et ont commencé à utiliser dans leurs créations des tissus traditionnels. Ils ont ainsi contribué à démocratiser ces textiles qui, jusqu’au XIXe siècle, étaient l’apanage des rois et des dignitaires. Ils étaient alors un signe de richesse et d’appartenance à une classe sociale supérieure. Ces tissus sont de vrais langages visuels et racontent l’histoire d’une famille royale, d’une ethnie, d’une région, d’un peuple, d’un pays. Ils s’appellent Ndop, Rabal, Korhogo, Bogolan, Raphia, Velours de Kasaï, Ntshak, Kente ou Kita.

 

Quelques tissus africains

Il est évidemment impossible de décrire ici de tous les tissus africains, tant il y en a de variétés. Nous nous attarderons donc ici sur six d’entre eux.

Le ndop du Cameroun

Le ndop (appelé aussi « dze ndouop » ou « nji ndop ») est un textile fabriqué au nord-ouest du Cameroun. C’est une étoffe traditionnelle et rituelle bamiléké. Ce tissu est apparu au XVIIIe siècle. On a retrouvé quelques spécimens datant du XVe siècle et la chefferie de Baham conserve quelques spécimens difficiles à dater. Mais on sait que ce tissu est fabriqué depuis le XVIIIe siècle. Les motifs géométriques sont blancs sur un bleu indigo.

Le processus de fabrication d’origine est complexe. Le coton est cultivé au nord et filé par des hommes et des femmes. Il est ensuite tissé par des hommes venant généralement des montagnes en des bandes d’étoffe de 5 cm cousues bord à bord pour créer des pièces de 2 m de long. Il est ensuite transporté vers le sud dans le pays bamiléké. Les femmes cousent des motifs avec du fil de raphia, ce qui constitue une réserve (comme la cire pour le wax). Elles plongent ensuite le coton dans un bain d’indigo. Enfin, il est séché au soleil pour obtenir une nuance de bleu. De nos jours, il est fabriqué de façon industrielle avec la technique de production de pagnes wax à base d’indigo, ou même en impression directe rotative. Les deux centres de production sont Baham et Bandjoun et cet artisanat se transmet de génération en génération.

La richesse de ce tissu réside essentiellement dans le style et la combinaison des motifs et figures géométriques abstraites qui se détachent du fond bleu intense. C’est à travers les motifs géométriques blancs et leur arrangement que l’artisan s’exprime. Les décorations et les motifs sont, en fait, des messages : on représente la lune, le soleil, les étoiles, des animaux qui sont synonymes de paix, de fécondité, etc. Ce tissu a une telle valeur symbolique qu’il est même utilisé comme vêtement rituel des sociétés secrètes. À l’origine, il constituait le costume des rois, des nobles. Il était utilisé lors des deuils. Comme linceul, il recouvrait les dépouilles du roi ou d’un notable. On utilisait des coupons pour décorer les salles où avaient lieu les cérémonies funérailles des personnages importants. Les parents des défunts le portaient en signe de deuil.

Le Korhogo de Côte d’Ivoire

Ce tissu est fabriqué par les Sénoufos vivant dans la ville de Korhogo au nord de la Côte d’Ivoire. Il est en coton filé et tissé à la main et ses motifs sont des dessins peints à la main. Il est facilement reconnaissable par ses couleurs naturelles (bruns, noirs et écrus) et ses dessins d’animaux, de soleil, de chasseurs ou autres représentations d’êtres humains. C’est le tissu africain le plus connu en matière de décoration puisqu’on l’utilise sous forme de toiles murales de coton brut peintes en noir-brun. Certaines sont d’ailleurs peintes pour des rites traditionnels.

Il est fabriqué par des hommes et des femmes qui se répartissent chaque étape de fabrication. Hommes et femmes cultivent le coton. Les femmes le filent et préparent la teinture. Les hommes tissent le coton et peignent les dessins. La peinture est réalisée à base de boue et de pigments naturels. Les motifs sont des représentations humaines, des éléments naturels comme la lune, le soleil, les étoiles, les animaux et constituent la base de la culture et mythologie de la culture Sénoufo.

Voici quelques motifs et leur signification :

  • La pintade : la beauté féminine
  • Le poulet : la maternité
  • La chèvre : la prouesse masculine
  • La Boucle de cheveux : le bois sacré où se rencontrent les sociétés Poro
  • Le caméléon : la mort
  • Le poisson : la vie et l’eau
  • Les arêtes de poisson : la sécheresse
  • Le lion : le pouvoir royal
  • Le chasseur : les mystères de la forêt
  • L’hirondelle : la confiance
  • Le crocodile et le lézard : la fertilité masculine
  • Le serpent et la tortue : la terre
  • Le soleil, la lune et les étoiles : les premiers éléments créés par Dieu

Ce tissu était auparavant utilisé comme protection contre les esprits vengeurs soit en les portant soit en tenture dans leur maison. Il était également porté à l’occasion de chasse, de rites de passage, de funérailles et d’autres événements rituels. Il est utilisé maintenant pour faire des vêtements et des objets de décoration d’intérieur. À partir des années 1960 et surtout des années 1970, les vêtements faits en khorogo sont devenus populaires auprès des touristes et des jeunes urbains de Côte d’Ivoire.

Le bogolan du Mali

Le bogolan est un textile traditionnel perpétué par les ethnies sénoufo, dogon, malinké et bambara. Originaire de la région du Bélédougou au nord de Bamako, au Mali, il est également confectionné au Burkina Faso, en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. C’est un coton fabriqué par les bambaras, la principale ethnie du Mali. Le mot « bogolan » vient de la langue bambara, de « bogo » signifiant « boue » et « lan » signifie « fait avec ». Ce tissu est caractérisé par des contrastes forts non seulement par ses motifs tribaux mais aussi par ses teintes. Le jaune clair et le beige contrastent avec le noir et différents tons de brun.

Le bogolan est un coton tissé et son processus de fabrication avec des produits naturels reste traditionnel. Ce savoir-faire est détenu par les femmes et les hommes. Les femmes filent et teignent et les hommes tissent le coton en bandes de 5 à 12 cm et cousent ensuite ces bandes les unes aux autres. Une fois tissé, le coton est teint et trempé dans une décoction de feuilles d’arbres contenant une forte décoction de tannin selon des techniques traditionnelles du pays mandingue. Les motifs décoratifs et les idéogrammes sont réalisés, avec un calame ou un pinceau, à main levée à partir de boue provenant des marigots et riche en sels ferreux. Une réaction chimique entre oxyde ferrique et l’acide tannique se produit alors, ce qui donne les couleurs noires. Quand boue est sèche, la pièce est rincée à l’eau. Le processus de trempage avec la boue peut être réalisée plusieurs fois sur les zones où l’on souhaite renforcer la couleur noire. Les zones jaunes résiduelles sont blanchies avec un mélange de millet, de cacahuète et d’agent actif, la soude. Cette fabrication complexe rend son prix très élevé.

Au temps des rois, seuls les souverains en portaient. Selon la légende, le roi portait une couleur en fonction des jours de la semaine. Il suffisait de regarder le roi pour connaître le jour où l’on était. Ce tissu a une symbolique très forte. À l’origine, chaque motif avait une signification. Les artisans s’inspiraient de la nature et d’éléments de la vie quotidienne. Les motifs étaient la marque d’identité d’une population, d’un village, mais aussi d’un artiste en particulier. Chaque pièce était destinée à un usage rituel précis comme un mariage ou la chasse. Une pièce de bogolan autour de son corps était un obstacle aux agressions extérieures. Protection et parure, le bogolan était une seconde peau qui servait de réceptacle aux urines des nourrissons, au sang des règles, au sang des blessures de chasse. Selon la forme ou la couleur des motifs, ils pouvaient protéger les chasseurs, les femmes enceintes, les personnes âgées et les nourrissons.

Aujourd’hui, ces codes ont évidemment disparu et tout le monde porte du bogolan ! C’est Chris Seydou, un grand nom de la mode malienne, qui a joué rôle essentiel dans la modernisation du bogolan. C’est un des premiers créateurs à avoir introduit des étoffes traditionnelles dans les modèles occidentaux. Ces premiers modèles en bogolan remontent à Paris en 1979 à Paris et à 1981 à Abidjan. Cela fut un véritable succès ! Plusieurs créateurs l’ont utilisé dans leurs collections : Mariah Bocoum, Gilles Touré, El Hadji Malick Badji, Selassie Tetevie, Awa Meité van Til ou encore Aisha Obuobi. Des stylistes occidentaux l’ont même utilisé comme l’américain Oscar de la Renta en 2008 et la marque italienne Marina Rinaldi en 2013. Cela a servi à démocratiser ce tissu et les motifs traditionnels ont laissé place à des motifs plus contemporains. Michelle Obama a même porté une veste d’inspiration bogolan !

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Jusque-là utilisé en occident en décoration d’intérieur, les artisans et les designers en font maintenant des sacs, des chaussures, etc. Le sénégalais El Hadji Malick Badji a créé plusieurs modèles de baskets en cuir et en bogolan. Le tissu s’est adapté aux goûts, aux besoins et aux envies de la modernité. Il en existe plusieurs gammes : lourde, semi-lourde et légère. On reproduit même des motifs du bogolan avec des techniques d’impression modernes sur différents textiles. Dans les années 1970, il a été commercialisé localement, donc au Mali. Dans les années 1980, sa production s’est intensifiée avec l’apparition de centres de production, comme à San ou à Ségou. Depuis les années 2000, il s’exporte dans le monde entier.

Créations inspirées du bogolan de la marque sénégalaise Nio Far by Milcos, source : Afrolia. Photo protégée

Le kente ou kita

Le kente est un tissu africain fait de coton et de soie et composé de bandes de tissu cousues les unes aux autres pour former des motifs et des figures aux couleurs chatoyantes. Les premiers kentes étaient tissés en noir et blanc avec des fils de coton mais les kentes sont aujourd’hui multicolores : bleus, jaunes, rouges et verts. Les petits dessins géométriques les rendent facilement reconnaissables. Losanges, carrés, triangles et méandres caractéristiques, chacun a un adage. C’est la combinaison de différents dessins qui crée style varié et une signification différente. Selon les cultures, les motifs et les figures avaient même une signification précise.

Le kente est réalisé sur un métier à tisser traditionnel. Des fils de coton et de soie peuvent être tissés entre eux. Le tisserand réalise de longues bandelettes cousues ensuite les uns aux autres pour obtenir un pagne. Il utilise des fils de plusieurs couleurs et chaque couleur a une signification :

  • Noir : maturité, énergie spirituelle
  • Bleu : paix, harmonie, amour
  • Vert : végétation, récolte, croissance, renouveau spirituel
  • Marron : couleur de la « mère terre », associée à la guérison
  • Rose : associée à la femme, essence de vie
  • Violet : associée à la féminité
  • Argent : sérénité, pureté, joie
  • Blanc : purification, sanctification
  • Or : royauté, haut statut, gloire, pureté spirituelle
  • Jaune : préciosité, royauté, santé, fertilité

C’est pour cette raison que les tissus royaux étaient majoritairement réalisés avec des tissus de couleur or et jaune car, à l’origine, le kente était un tissu royal, exclusivement porté par la famille royale ashanti du Ghana. Les kentes les plus anciens portaient le nom d’un souverain, d’un objet, d’un arbre ou d’une plante. Comme nous l’avons vu précédemment, c’était une habitude en Afrique de nommer une étoffe.

On trouve des variantes du kente chez d’autres ethnies. Par exemple, le kita, son cousin, est fabriqué par les Akans de Côte d’Ivoire. Le kita est le vêtement traditionnel des ethnies du groupe Akans (Agnis, Baoulés, Abron, Attiés etc.). Il est aussi utilisé par les ethnies Krous (Bété, Dida, Godié etc.) de Côte d’Ivoire, ainsi que des Ga et des Ewes du Ghana et du Togo car il y a, dans cette partie de l’Afrique, une proximité géographique et culturelle et un brassage ethnique.

Dans les pays où il est fabriqué, comme le Ghana et la Côte d’Ivoire, on le porte lors de cérémonies de mariage traditionnelles organisées selon les us et coutumes locales. Ce tissu épais et coloré peut être porté tel quel (en pagne) ou être utilisé dans la confection de vêtements. L’utilisation du kita s’est, en effet, démocratisée et a fait son apparition dans la mode contemporaine où évidemment la symbolique des couleurs qui s’est perdue. Seules quelques personnes la connaissent encore. De nos jours, on porte le kita en fonction de ses goûts. Le pagne kita s’utilise maintenant comme n’importe quelle étoffe. Même si cette étoffe est difficile à manier, créateurs et stylistes en font des foulards, des vestes, des jupes, des robes, etc. Certaines créations de pagne wax avec des imprimés font penser au kita. On les appelle des « kita like ». C’est une aubaine pour cette étoffe car cela la fait connaître au plus grand nombre et il est ainsi plus facile de proposer des créations inspirées du kita.

Le faso dan fani du Burkina-Faso

Le Burkina Faso est un des plus grands producteurs de coton avec le Mali, le Tchad et le Bénin qui constituent ce que l’on appelle les « cotton fours ». Le faso dan fani fait la fierté de l’artisanat burkinabé. Ce tissu est composé de bandes de tissus d’une largeur de 12 à 15 cm.

La religion est au cœur de la transmission de ce savoir faire, car l’islam a introduit le métier à tisser chez les hommes. Il fallait, en effet, porter des étoffes pour cacher sa nudité. Mais les missions chrétiennes ont développé cette technique dans le milieu féminin qui se chargeaient à l’origine de filer le coton. La seconde moitié du XXe siècle a vu l’essor du tissage féminin et le développement de cette production a été soutenue par une forte volonté politique. Les métiers à tisser se sont améliorés et dans les années 1980, Thomas Sankara a voulu promouvoir l’émancipation des femmes par le développement de la production nationale. Ainsi est né le faso dan fani, littéralement le « pagne tissé de la patrie », venant du dioula « fani » signifiant « pagne, « dan » signifiant « tissé » et « faso » désignant « la patrie, le territoire », le « Burkina Faso » étant le « pays des hommes intègres ».

Des groupements de femmes tisserandes en coopératives ont été fondés et des ateliers se sont créés. Thomas Sankara a été jusqu’à imposer par décret aux fonctionnaires le port du faso dan fani et de tenues réalisées en étoffes traditionnelles. « Produisons et consommons burkinabé », tel avait été le mot d’ordre du président Thomas Sankara lorsqu’il a mis le faso dan fani sur le devant de la scène. « Porter le faso dan fani est un acte économique, culturel et politique de défi à l’impérialisme », avait-il l’habitude de dire. Il a atteint en tout cas ses trois objectifs : produire local, consommer local et émanciper les femmes. Cette volonté politique s’est poursuivie après sa mort. Pour preuve, le président Blaise Compaoré, son successeur, a continué à en porter sans toutefois imposer aux fonctionnaires d’en faire de même.

Des événements et autres opérations promotionnelles ont servi à créer un engouement pour le faso dan fani comme :

  • La Dan Fani Fashion Week: comme son nom l’indique, une Fashion Week avec le Faso dan fani à l’honneur. La première édition s’est tenue en 2015 à Ouagadougou
  • Les journées de valorisation du Faso dan fani à Ouagadougou. La seconde édition s’est tenue en mars 2017
  • La nuit du Faso dan fani à Paris a eu sa seconde édition en juin 2016
Créations d’Elie Kuamé inspirées du faso dan fani, source : Pagnifik. Photo protégée

L’usage traditionnel pour les hommes et les femmes est de porter des tuniques amples. Les créateurs de Haute Couture s’en sont emparés dans leurs modèles. Ils réalisent des vêtements : vestes pour les hommes et vestes et robes pour les femmes. Le jeune créateur d’origine burkinabé, Bernie Seb, lui aussi rend honneur avec sa marque De la Sébure ainsi que le styliste ivoirien Elie Kuamé.

Les rouleaux d’étoffes tissées ne sont pas destinés à l’exportation, mais s’adressent avant tout aux populations locales. Mais il existe maintenant sur le marché burkinabé un faso dan fani réalisé en Chine, ce qui est à déplorer quand on connaît l’histoire de ce pagne et sa signification ! Tout comme pour le wax, il faut se méfier des contrefaçons.

Le rabal de la culture Manjaque

Le rabal est un tissage traditionnel des Manjaques du Sénégal et de Guinée-Bissau aux couleurs vives. Ses motifs sont inspirés du baobab, du fromager, des jumeaux et des poupées de fécondité. Cet artisanat s’est transmis de génération en génération. Selon une légende, cette technique remonterait d’un passé lointain. Elle serait à l’origine d’un pacte. Un esprit aurait initié le secret du tissage à un homme du village de Kalëkis (ou Calequisse en français), région de Cacheu, situé au nord de la Guinée Bissau. Il aurait ensuite partagé ensuite son savoir faire avec ses pairs.

Cette étoffe est tissée en une bande de 80 cm en général, mais peut varier entre 20, 40 et 100 cm, selon la demande. Ce sont les hommes qui tissent et les femmes sont chargées des finitions. Ce tissu est d’une qualité exceptionnelle. Il est à la fois souple, doux et épais. Ces étoffes précieuses aux couleurs chatoyantes qui s’offrent à des occasions précises (mariage, naissance).

Sa promotion s’est faite à travers son utilisation dans la mode et l’ameublement (dessus de lit, coussin, rideau, etc.). Pour les besoins du prêt à porter, afin qu’il soit plus souple et malléable, il est mélangé à du raphia naturel, du viscose ou de la soie. Il est particulièrement apprécié des créateurs de mode pour sa noblesse, sa robustesse et ses qualités d’exécution. Il peut être utilisé par petites touches pour souligner le détail d’un vêtement ou en total look. Il s’apparente au superbe tissage burkinabé faso dan fani, très prisé lui aussi des créateurs.

Pochettes, sacs et porte-monnaie en cuir véritable avec incrustation tissu (wax ou rabal) de la marque Jaarokoko, source : Jaarokoko. Photo protégée

Où acheter ces tissus ?

Boutiques

L’idéal est évidemment d’acheter ces tissus sur leurs lieux de productions ou sur les marchés des principales villes du pays où vous vous trouvez. Par exemple, vous pourrez trouver du bogolan sur le marché d’artisans de Bamako de Ouagadougou, de Conakry ou d’Abidjan. Il faudra compter entre 50 000 Francs CFA et 100 000 Francs CFA (soit entre 76 € et 152 €) pour un pagne de 2 m environ pour un achat au détail. Vous trouverez évidement du faso dan fani sur les marchés de Burkina.

Sinon, il y a à Paris la boutique Africouleur au 108 de la rue Saint-Maur dans le 11e arrondissement de Paris où vous trouverez du kente et du bogolan.

La marque Nana Wax qui propose des imprimés d’inspiration bogolan a un point relais à Paris chez Amyra Paris au 11 boulevard Orlando et des boutiques physiques à Brazzaville, Dakar, Lomé, Cotonou et Abidjan.

Boutiques en ligne

Tissus
  • Africouleur : bogolan et kente entre 130 € et 200 €
  • Rastafrica : bogolan et khorogo entre 55 € et 120 €
  • Tissu-Afrique : bogolan, kente et manjaque entre 40 € et 260 €
  • fasodanfani.com : faso dan fani où le prix d’un pagne est entre 7500 et 15000 Francs CFA soit entre 11,5 et 23€
  • Holland Textiles : imprimés inspirés du kente entre 20€ et 30€
Vêtements

Vous pouvez même trouver certains de ces tissus sur Etsy, Amazon ou eBay.

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Même si le wax s’est inspiré des cultures africaines, il reste pour certains un tissu européen, imposé par la colonisation. L’Afrique regorge de tissus traditionnels qu’elle doit redécouvrir, protéger et promouvoir. Certains restent encore confidentiels, d’autres s’exportent maintenant dans le monde entier et doivent même faire face à la concurrence chinoise, tout comme le wax. Nous verrons d’ailleurs, dans le dernier épisode de cette saga, comment reconnaître les différents wax et comment l’utiliser.

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Bibliographie et webographie

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