Aujourd’hui, je vous présente mes deux derniers projets couture. Il s’agit de la Jupe Frankie de République de Chiffon et la Chemise Far West de Lot of Things. J’ai choisi d’en faire un ensemble. La jupe est en Bubble Wax de chez Vlisco et la chemise est en coton Hermès (acheté aux Coupons de Saint-Pierre) et certaines pièces sont dans le même Bubble Wax que la jupe. Je vous raconte tout dans ce billet et je vous livre les petits détails de finition auxquels il faut faire attention.
La Jupe Frankie de République du Chiffon
Je connaissais déjà cette marque de patron. J’ai notamment réalisé le manteau Ernest dont je suis vraiment très contente. Bizarrement, cette jupe, a priori moins difficile à réaliser, m’a donnée du fil à retordre. En fait, j’ai déjà utilisé ce patron en 2019, lors de ma préparation au CAP Métiers de la mode – Vêtement flou. J’avais choisi un lainage fin avec de l’élasthanne. L’opération de découpe a été une catastrophe. Le tissu n’était pas, je pense, très adapté. J’avais donc laissé tomber en cours de route.
Ne voulant pas rester sur un échec, je me suis décidée à réessayer avec un autre tissu cette fois-ci : un Bubble Wax de la marque Vlisco. Si vous voulez en savoir plus sur le wax, je vous conseille de lire la série de billets que j’ai consacrés à ce sujet. Je connaissais déjà la marque Vlisco et la qualité de leurs produits puisque j’avais cousu en 2019 une jupe évasée en Super-Wax. Tout était en place pour réussir cette fois-ci !
La jupe Frankie est une jupe midi (donc mi-longue) très originale par sa coupe asymétrique. Les deux devants, en effet ne sont pas symétriques. Elle donne une allure chic et sexy grâce à sa croisure boutonnée sur le devant qui laisse apparaître les jambes. Cette jupe est pour les couturier.ière.s intermédiaires (niveau 2/4).
Les points techniques
- La poche italienne
- La poche plaquée avec rabat
- La parementure
- La ceinture
- Les boutons et boutonnières
Trucs et astuces pour faire de belles finitions
Cacher les coutures
Pour les poches, la parementure et la ceinture, la finition de ces pièces exigent de faire attention à faire rouler la couture sur l’envers afin qu’elle ne se voit pas sur l’extérieur. Pensez également à bien dégarnir les épaisseurs, ce qui n’est pas toujours précisé dans le tutoriel. Pour faire rouler la ceinture à l’intérieur, il faut dans un premier temps ouvrir la couture au fer. Vous pouvez vous aider pour les parties courbes d’un cochon (coussin de repassage). Ensuite, sur l’endroit, alignez bien la couture entre les deux épaisseurs en la faisant rouler dans vos doigts puis faites-la rouler vers l’envers. Vous avez réussi lorsque la couture se trouve à 1 mm de la pliure, sur l’envers, comme vous le verrez sur la photo suivante.

Les poches
Pour la poche italienne, je vous conseille de faire une surpiqûre à 2 mm du bord de l’ouverture de la poche. Dans le tutoriel, cela n’est pas très clair et je ne l’ai pas fait. Je m’en suis aperçue une fois le vêtement fini et je le regrette.
Pour la poche avec rabat, je n’ai pas procédé comme dans le tutoriel. J’ai d’abord réalisé l’ourlet de la poche. J’ai ensuite surfilé les côtés et le bas de la poche. Afin de coudre la poche au vêtement en respectant les marges de couture de 1 cm, j’ai cousu un fil de bâti à 1 cm. Pour cela, il faut abaisser la tension du fil et élargir au maximum la longueur du point. J’aime beaucoup cette technique car cela permet de ne pas marquer le tissu avec une craie ou un crayon. J’ai ensuite surfilé à la surjeteuse les trois cotés. Pour les coins de la poche, je les ai cousus en onglet pour éviter les épaisseurs. Cliquez ici pour avoir le tutoriel. Il vous suffit ensuite de coudre la poche au devant droit. Pour rappel, cette piqûre se fait bien sur l’endroit. Il faut commencer et finir votre couture à 2 ou 3 mm au-dessus de la poche en faisant un point d’arrêt début et fin. Cela permet de fixer la poche.

La parementure
La parementure demande un peu de patience. Pour rappel, la parementure (ou parement) est une bande de tissu que l’on coud au bord du vêtement et que l’on retourne ensuite sur l’envers. Elle sert à faire des finitions nettes et remplace l’ourlet. Attention à ne pas se tromper de sens lorsque vous coupez vos pièces et à ne pas confondre endroit et envers ! Pour faire l’ourlet de la parementure, j’ai réalisé, comme pour la poche à rabat, un fil de bâti à 1 cm du bord puis j’ai plié la marge de couture sur l’envers. Il faut veiller, en tout cas à ce que votre parmenture soit de largeur égale sur toute la longueur. Sinon, on court à la catastrophe au moment de la surpiqûre, qui doit se faire à l’endroit, je le rappelle ! Pour être sûre de ne pas vous tromper, mesurez la largeur de la parementure et enlevez 2 mm à cette mesure. Vérifiez si vous pourrez bien prendre la parementure avec cette mesure sur toute sa longueur. Apposez un morceau de masking tape sur votre machine à coudre pour vous aider à garder cette mesure lors de la couture.
Comme la parementure, la ceinture est une étape délicate. Je vous conseille de prendre votre temps. Là encore, j’ai utilisé la technique du fil de bâti pour plier le tissu avec une marge de couture de 1 cm. Avant de piquer dans le sillon, assurez-vous que vous prendrez bien l’ensemble de la ceinture.
Les boutons et boutonnières
Pour les boutons, j’ai choisi des boutons pression. C’est la première fois que j’en posais. Mais le plus difficile n’est pas de la poser mais de déterminer les emplacement car les emplacements des boutons ne sont sur le patron. C’est à vous de décider ! Voici comment j’ai procédé : j’ai essayé la jupe et mis des épingles au bord de la parementure sur la ceinture puis en bas de la jupe. Cela a déterminé la façon de fermer le vêtement. Ensuite j’ai posé le vêtement à plat sur une table et fermer le vêtement en respectant mes repères. J’ai déterminé l’emplacement du premier bouton, celui après la ceinture qui doit être assez proche de la ceinture. Puis j’ai déterminé l’emplacement du dernier bouton. Vous devez avoir assez de tissu pour le mettre. Enfin, j’ai mesuré la longueur entre le premier et le dernier et divisé par 4. Cela m’a permis de savoir la longueur entre chaque bouton pression.
Le plus difficile est fait ! Poser des boutons pression n’est pas difficile mais je vous conseille de faire un essai et de bien réfléchir avant fixer le bouton car une fois fixé, vous ne pourrez pas l’enlever. Une fois les emplacements repérés, faites tous les trous du devant gauche puis poser à plat la jupe sur une table. Refermez la jupe grâce à vos repères précédents (les aiguilles le long de la parementure). Faites les repères sur le devant gauche grâce aux trous.

Pour poser les boutons pression, j’ai acheté la pince Vario de la marque Prym. Voici le tutoriel pour réaliser cette opération :
La jupe Frankie que j’ai réalisé est sans aucun doute l’une des plus belle pièce de mon vestiaire. Évidemment, j’aime beaucoup le tissu, un très beau Bubble Wax, très lumineux, même si cela ne se voit pas sur les photos. Cette jupe est très élégante (voire sexy), d’autant plus si, comme moi, vous la portez avec des bottines à talon aiguille noires. Pour un style plus décontractée, je la porte aussi avec des derbies noires. Passons maintenant à la chemise Far West de Lot of Things.
La chemine Far West de Lot of Things
J’ai découvert cette marque de patron lors d’un salon de DIY. Je cherchais depuis longtemps un patron de chemise qui me satisfasse. Lors de ma première année de cours de coupe à plat et couture à la Ville de Paris, nous avions tracé un patron à nos mesures de chemise mais j’étais très déçue car le patron n’était pas du tout bien proportionné. J’avais donc abandonné mon projet. Plus tard, j’avais décousu une chemise, qui pourtant m’allait bien, pour m’en servir comme patron mais cela avait été un échec. J’avais donc abandonné l’idée de faire une chemise quand j’ai vu ce patron sur le stand de la marque et que je me suis laissée convaincre. Attention, cette chemise est pour les couturier.ière.s confirmé.e.s.
Ce patron est un très bon patron de chemise et vous savez pourquoi ? C’est notamment grâce à ses découpes princesses du devant. Contrairement à d’autres patrons qui n’ont pas de découpes, celui-là en a et prend donc un élément important de la morphologie féminine : la poitrine ! De plus, les découpes du dos participent aussi au fait que cette chemise soit bien patronnée et permettent d’ajuster la chemise à sa morphologie. En l’occurrence, je n’ai pas eu besoin de faire de retouches, ce qui est rare pour le patron d’un haut. Enfin, les marges de couture son comprises et prennent en compte les valeurs de couture. Comme vous le voyez sur le patron (ici l’empiècement dos), les valeurs de coutures sont correctement prises en compte. Si vous plier le patron, vous voyez que la valeur de couture épouse la forme de la pièce.
J’ai choisi de réaliser cette chemise dans deux tissus différents, comme je l’ai écrit précédemment. Certaines pièces sont en Bubble Wax :
Pièces en coton Hermès | Pièces en Bubble Wax de Vlisco |
Devant gauche (x 1) | Empiècement dos (x 1) |
Devant droit (x 1) | Empiècement devant gauche (x 1) |
Côtés devant (x 2) | Empiècement devant droit (x 1) |
Côtés dos (x 2) | Poignets (x 2) |
Milieu dos (x 1) | Pied de col (x 1) |
Manches (x 2) | Patte de boutonnage devant droit (x 1) |
Empiècement dos (x 1) | Patte de boutonnage devant gauche (x 1) |
Empiècement devant gauche (x 1) | Pattes de boutonnage en une seule pièce des manches (x 2) |
Empiècement devant droit (x 1) | |
Poignets (x 2) | |
Dessus de col (x 1) | |
Dessous de col (x 1) | |
Pied de col (x 1) | |
Patte de boutonnage devant droit (x 1) |



La patte de boutonnage du devant gauche est normalement à même, c’est-à-dire qu’elle est comprise dans la pièce du devant. Vous avez juste à la plier et à faire une couture pour la former. Comme je voulais que cette pièce soit en wax, j’ai dû donc couper 3,2 cm du devant gauche pour coudre la patte de boutonnage en wax (largeur : 5,2 cm marges comprises). Si vous voulez faire comme moi, je vous conseille de couper, dans un premier temps, le devant gauche selon le patron puis de couper ensuite la patte de boutonnage. Il vous suffira de couper au dernier moment le surplus. Comme cela, aucune chance de vous tromper !
Les points techniques
- La découpe des pièces (si comme moi vous choisissez d’utiliser deux tissus différents) ;
- La pose des pattes de boutonnage sur les devants ;
- L’assemblage en fourreau des empiècements dos et devant ;
- Les pattes de boutonnage des manches ;
- Les poignets ;
- Le col ;
- Les boutons et boutonnières.
Trucs et astuces pour faire de belles finitions
Comme pour la jupe Frankie, je vous conseille de cacher sur l’envers les coutures en les faisant rouler, notamment pour le col, les poignets et les pattes de boutonnage des devants.
Ouvrir les coutures
La première règle à retenir quand on commence la couture est la suivante : une couture = un coup de fer à repasser. Il faut, en effet, presser chaque couture que vous réalisez puis les ouvrir au fer, même si ensuite vous devez les coucher sur un des côtés. Pour ouvrir les coutures des côtés devant et dos, qui sont courbes, il est indispensable d’utiliser un coussin de repassage. Cela vous permettra de bien façonner les formes de votre chemise et de lui donner le volume nécessaire. Si vous n’avez pas de coussin de repassage, vous pouvez vous en fabriquer un très facilement, notamment à l’aide de chutes de tissus. Cliquez ici pour voir le tutoriel.

Dégarnir les coutures
Je vous conseille fortement de dégarnir les coutures, même si cela n’est pas préciser sur le tutoriel. En cousant les empiècements dos et devants aux épaules, vous vous retrouvez avec trois épaisseurs de couture. Pour ma part, je les dégarnis en escalier, c’est-à-dire que je ne coupe pas la même largeur : la première, je la coupe à 3 ou 4 mm, la seconde à 5 ou 6 mm et la dernière à 8 mm. J’aime bien dégarnir de la sorte lorsque j’ai trois épaisseurs car cela réduit l’épaisseur de manière notoire. Je trouve que c’est plus joli que de dégarnir les trois épaisseurs de 5 mm car si vous faites cela, une surépaisseur se crée près de la couture. Affaire de goût personnel !
Surpiquer
Cette chemise comprend beaucoup de surpiqûres. C’est une technique que vous devez maîtriser pour faire de belle finitions. Pour cela, rien de plus simple : on surpique toujours sur l’endroit et on prend son temps pour que la surpiqûre soit de la même largeur sur toute la longueur. Concernant les surpiqûres visibles, je recommande de ne pas les terminer par un point d’arrêt, notamment les surpiqûres de la patte de boutonnage ou du poignet qui seront apparentes. En effet, si vous faites un point d’arrêt, cette surépaisseur de fils se verra et sera disgracieuse. Terminez votre couture juste à l’endroit où vous l’avez commencée. Laissez un peu de fil. Rentrez celui du dessous et faites un nœud avec les fils du dessus et du dessous. Pour en savoir plus, cliquez ici.
Réaliser de beaux coins
Cette technique vous sera utile pour les poignets et le col. Évidemment, avant de retourner, il vous faudra dégarnir les angles :
Mais avant de faire cela, j’use d’une petite astuce qui m’aide vraiment à réaliser de beaux angles. Il s’agit de mettre un fil au moment de la couture. Ensuite, dégarnissez puis retournez en tirant doucement sur le fil. Cette action permettra de former l’angle. J’ai vu cette astuce sur la chaîne de 432 Hz Couture :
Les poignets
Pour les poignets, mon astuce consiste à couper la partie du dessous de manière à ce qu’elle soit un peu moins longue que celle du dessus. Dans mon projet, il s’agissait de la partie en Bubble Wax qui constitue l’intérieur du poignet. Cela permet de bien placer les coutures à l’intérieur, sans avoir à faire rouler les coutures. Ainsi, le tissu intérieur ne se verra pas et le poignet sera joliment formé. En l’occurrence, j’ai enlevé 5 mm à la longueur du poignet (donc le côté le plus long). Évidemment, vous ne devez en aucun cas toucher à la largeur. Pour en savoir plus sur la couture des poignets, cliquez ici.
Coudre les boutons
Si comme moi vous n’êtes pas du tout fan de la couture des boutons, vous pouvez investir dans un pied pour coudre les boutons. J’ai trouvé le mien sur le site CoudreetBroder.com. Vérifiez juste que le pied choisi correspond bien à votre machine. Et voilà ce que cela donne !
Je n’avais pas poussé le poussoir gris pour surélever le bouton lors de la première couture. J’ai donc refait les coutures des boutons. Cela est l’équivalent de la technique qui consiste à utiliser un cure-dent que vous placez entre les trous du bouton au moment de la couture. Ainsi, le bouton n’est pas plaqué au tissu et le tissu se place bien sous le bouton.
Concernant le montage du col, je vous conseille de lire le billet que j’ai consacré à ce sujet. Pour en savoir plus, cliquez ici.
Je trouve que ces deux vêtements forment un merveilleux ensemble. J’adore le mettre et je me sens très bien dedans. Il faut dire que j’ai choisi pour le créer deux magnifiques tissus. Si vous investissez du temps à réaliser de telles pièces, je vous conseille d’acheter de beaux tissus. J’espère vous avoir donné envie de les réaliser. N’hésitez pas à mettre en commentaire tous vos trucs et astuces !